En seulement 25 ans, le distributeur s’est imposé dans le paysage normand avec rapidité et détermination. Celui-ci ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et s’est même entouré de nouveaux collaborateurs afin de déceler les futurs leviers de croissance qui permettront d’atteindre le milliard d’euros en chiffre d’affaires.
Le Groupe Mary est un exemple de réussite express qui suscite l’admiration. L’entité normande a vu le jour en 1996 lorsque François Mary, alors directeur commercial de la concession Peugeot de Lisieux (14), s’associe avec son patron de l’époque. Au bout de cinq années communes, marquées notamment par le rachat de la concession Peugeot à Deauville (14), les deux hommes prennent des chemins différents : la retraite pour l’un, la poursuite des affaires pour le second. François Mary accélère le développement de ses activités aux côtés de la marque au lion en faisant l’acquisition de trois sites situés à Avranches, Granville et Coutances (50) en 2002. L’implantation de Caen (14) rejoint ses homologues en 2007. « C’est véritablement la décennie de la diversification » souligne Victor Mary. Le nouveau directeur marketing pèse ses mots. Cette date correspond également à la création de la plateforme Mary Distribution Pièces de Rechange (MDPR) à Caen, qui marque un tournant dans l’activité de l’opérateur. « Jusqu’ici nous étions des commerçants et des réparateurs, nous sommes devenus des distributeurs industriels, commente-t-il. Ce domaine d’activités est complémentaire à ceux de l’entretien et de la vente de véhicules. Peugeot nous a poussé à évoluer en ce sens, ce qui nous a permis d’être parmi les trois premiers investisseurs à passer ce cap. Depuis, nous distribuons également des pièces Citroën et Opel ».
Concernant la distribution automobile, le Groupe Mary poursuit son monomarquisme jusqu’en 2014 avant d’intégrer Citroën à son portefeuille. Comble du hasard, l’histoire se calque à celle écrite avec Peugeot quelques années plus tôt : les premiers rachats de la marque aux chevrons concernent les implantations de Lisieux et Deauville, puis Caen deux ans plus tard. En 2018, suite à l’acquisition de 51 % des parts du Groupe Tuppin, l’entité Tuppin-Mary voit le jour, permettant ainsi au distributeur bas-normand de poser un pied dans la région des Hauts-de-France. « David Tuppin connaissait bien mon père. Ses valeurs et son territoire ressemblaient au nôtre. Le Groupe Mary est un symbole de succès car c’est un jeune groupe : nous étions aussi gros que le Groupe Tuppin, mais on avait 23 ans d’histoire et lui en avait 40 ». Au terme de trois années de collaboration, marquées par l’acquisition de 4 concessions Opel, la passation devient officielle en 2021. Le Groupe Mary rachètent les 49 % restants, hérite des quinze concessions de son homologue et récupère les panneaux Hyundai (4 sites) et Skoda (1 site). Aujourd’hui, l’opérateur normand concentre 51 points de vente sur 9 départements où sont représentées 6 marques. Il enregistre 41 000 immatriculations annuelles (VN/VO) pour un chiffre d’affaires de 904 millions d’euros.
L’aventure des deux roues
Le Groupe Mary a su très tôt saisir les opportunités de diversification en exploitant un autre marché : celui des deux roues. En 2009, il reprend ainsi le village moto installé à la Bijude, aux portes de Caen. « Cette activité fait sens dans le mix de mobilité que nous proposons, mais aussi dans la mesure où mon père a toujours été passionné par la moto et a d’ailleurs pratiqué l’enduro » rapporte Victor Mary. Parti avec six marques, Mary Moto en distribue désormais douze. Si le fils du fondateur partage cette appétence pour les deux-roues, il privilégie davantage des déplacements écologiques et urbains sur la scelle de son vélo. Alors qu’il avait prévu de pédaler pendant plusieurs mois en direction du Japon fin mars 2020, la pandémie l’a contraint à rester sur ses terres natales. Il décide alors de rejoindre temporairement le groupe familial et participe en juin 2020 à l’ouverture d’un magasin à Deauville, sobrement baptisé Cycles Deauville. Installé dans l’ancien garage de Citroën, l’enseigne propose la vente de vélos et d’accessoires, mais également leur maintenance. Avec ce troisième axe de mobilité, Victor Mary apporte sa pierre à l’édifice. En parallèle, il s’occupe également de la partie digitale et marketing du groupe. « Dans un groupe familiale la question de la légitimité se pose forcément, mais mon arrivée n’était pas planifiée. Ma venue n’était ni motivée par une obligation, ni par un objectif de reprise de l’entreprise. Elle s’est mue par une envie et une opportunité réelles, basées sur des compétences que j’ai développé au cours de mon parcours professionnel, et bien sûr le contexte de l’entreprise à ce moment-là. Depuis, forcément les choses ont évolué. Aujourd’hui, c’est une réelle chance de travailler aux côtés de mon père qui est un exemple de réussite. Nous appartenons à deux générations différentes, mais nous avons cette volonté commune de réussir et de développer le groupe. J’essaie de faire mes preuves au quotidien car c’est important pour moi de gagner ma légitimité auprès des équipes ».
Concernant l’avenir, le groupe compte maintenir son rythme de développement : « Nous allons renforcer notre activité automobile puisque c’est ce que Stellantis nous demande depuis la résiliation des contrats, mais également nous développer par ailleurs. Peut-être dans le vélo, peut-être dans la location. Du moins, dans tout ce qui a à trait à la mobilité car c’est notre savoir-faire ». L’opérateur s’est récemment offert les services d’Olivier Marquer. L’ancien de PSA est chargé d’identifier les nouvelles sources de rentabilité et de développement du groupe à l’horizon 2025/2030. Enfin, le Groupe Mary fait ses premiers pas en tant que mécène du MoHo. Récemment lancé à Caen, cet incubateur réunit une communauté composée d’entrepreneurs, chercheurs, artistes, étudiants, ONG ou encore de citoyens qui ambitionnent de relever les défis climatiques et environnementaux de notre époque. « Nous allons travailler sur la mobilité sur notre territoire aux côtés d’autres acteurs privés et publics car nous sommes tous concernés. En Basse-Normandie, aujourd’hui, nous sommes le plus gros acteur privé dans ce domaine, que ce soit en moto ou en auto. Pas encore pour le vélo, mais peut-être un jour je l’espère. Nous avons le réseau, la connaissance du terrain et les acteurs, donc on se sent légitime pour porter, avec d’autres, ce drapeau de la mobilité ».