Sidérurgie, automobile, services… Excepté la santé, tous les métiers sont touchés par une baisse du nombre de cadres. Essentiellement des départs non remplacés.
Les cadres sont inhabituellement la cible de plans de départ des grandes entreprises en pleine transformation organisationnelle. Quelques exemples : dans la sidérurgie, chez ArcelorMittal, « l’accord d’aménagement du temps de travail des seniors ne précise pas qui est ciblé, mais il vise indirectement cadres, agents de maîtrise et tous les cols blancs, le personnel support et les chercheurs », indique Frédéric Weber, représentant Force ouvrière du Comité restreint européen d’ArcelorMittal.
Dans les services, Orange, qui compte gagner en productivité et en simplification sur les métiers intellectuels, veut poursuivre la diminution de ses effectifs en stimulant les outils de mesure d’âge, afin de cibler davantage les fonctions de pilotage que les emplois proches du terrain. Enfin, dans l’automobile, Michelin, qui prévoit 2 300 suppressions de postes d’ici à 2023, aimerait bien réduire les strates des manageurs.
Surtout des départs non remplacés
Pour l’instant, rien de visible dans les statistiques de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) sur les prévisions de recrutement en 2021. « On n’observe pas de redémarrage, mais ça ne replonge pas », estime Pierre Lamblin, directeur du pôle études de l’APEC. Le volume d’offres d’emploi de cadres au premier trimestre n’est plus en recul que de 24 % par rapport à la même période en 2019 (2020 n’étant pas une année comparable à cause du Covid-19).
Les habituelles locomotives du recrutement que sont les services informatiques, la recherche et développement, le conseil et la bancassurance affichent une baisse de, respectivement, 30, 29, 44 et 31 % en mars. Les seuls secteurs qui n’ont pas réduit leurs embauches sont, sans surprise, la santé et l’action sociale (+ 28 %), l’industrie pharmaceutique (stable) et la gestion des déchets (+ 4 %). Mais excepté ceux de la santé, tous les métiers sont touchés par la baisse du recrutement. « Après 2008, il a fallu sept ans pour revenir au niveau de volume d’offres d’avant crise », relativise M. Lamblin.
La réduction du nombre de cadres annoncée par les transformations numériques et les réorganisations passe par des départs non remplacés, plutôt que par une baisse des embauches. Ainsi, chez Orange encore, le renouvellement de l’accord générationnel vise à accroître les opportunités de départ. « Les postes ne sont pas supprimés par anticipation, mais tous les départs ne sont pas remplacés », confirme la direction du groupe.